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Vincent Guyon hat kurze, braune Haare und trägt einen Bart. Er schaut direkt in die Kamera. Das Foto wurde in einem Studio aufgenommen – Guyon steht oder sitzt vor einem neutralen Hintergrund. Das Porträt zeigt seinen Oberkörper.

Je m’appelle Vincent Guyon, sourd de naissance mais j’entendais les sons aigus et après plus rien !  Je ne suis pas appareillé mais j’ai toujours vécu en lisant sur les lèvres grâce au langage parlé complété (LPC). Je suis célibataire et père d’un ado de 15 ans.

En quoi consiste ton engagement politique ?

Je suis municipal de Rances, depuis les élections complémentaires de 2020, le premier sourd de Suisse à le devenir. Puis réélu en 2021 pour une nouvelle législature. L’exploit vient du fait que j’ai été élu à la majorité absolue au 1er tour avec 95 % des voix ! Les autres ont dû passer le second tour.

Quels sont les défis que tu as rencontrés en tant que politicien.ne en raison de ton handicap, respectivement comment le handicap influence-t-il ton travail politique ?

Etre municipal n’est pas de tout repos ! J’ai hérité de grandes responsabilités et c’est un plaisir d’exercer la fonction de milicien au service de ma commune. Il ne faut pas croire que tout va bien pour une personne en situation de handicap, par rapport à un collègue normal, j’emmagasine pas mal de frustrations dû à des « coupures » de communication quand je veux intervenir dans un débat. Même la présence d’une interprète n’aide pas. Elle me fait comprendre ce qui se dit et je suis obligé d’intervenir à la fin d’un débat. Par contre, mes collègues ont dû s’adapter à mon handicap et ils ont changé dans leurs comportements. Même les entreprises avec qui je collabore, jouent vraiment bien le jeu ! J’aime ce que je fais.

Qu'est-ce qui fait de toi un.e politicien.ne, en dehors du handicap ?

Je suis comme je suis, je suis comme Mowgli, adopté par les animaux de la jungle avant de devoir retourner des années plus tard dans son village pour empêcher les habitants de brûler la forêt. Je suis conscient que mon handicap est une bénédiction et plus pour les autres. Tant pis pour ceux qui sont intolérants. Je profite de l’expérience sourd et politicien pour aider les autres à franchir ce qui est insurmontable pour eux. C’est valable pour mes collègues en situation de handicap. C’est grâce à Christian Lohr que je suis devenu politicien. Je suis tolérant, humain, réfléchi et analyste.

Quand j’ai été nommé à la commission pour la session parlementaire pour les personnes en situation de handicap, mon état d’esprit a fait Vlan ! Je me suis trouvé au milieu de 7 conseillers avec des handicaps différents et ça m’a fait voir la vie autrement. Je ne veux pas m’arrêter à la surdité mais nous sommes ensemble, nous sommes un cercle ouvert et nous avons le droit à la liberté d’expression, de penser, de faire des choix. Mais il faudrait que le monde adverse qui est la jungle de la normalité, puisse s’ouvrir à nous mais je suis conscient que c’est un long travail pour planter les graines, « coexister » partout où il faudrait en mettre.

Que penses-tu de l'existence d'une liste de personnes handicapées ?

C’est une bonne idée car ça permet de dire aux citoyens : « Nous existons et voulons être comme vous » . Mais après, il ne faut pas rester bloqué par cette liste car chaque candidat a son propre combat !